La criminalité numérique est un défi pour les autorités de poursuite pénale. Dans son récent rapport, le Contrôle fédéral des finances (CDF) rappelle ainsi qu’elle a «des limites floues, des initiateurs incernables et souvent une dimension internationale». Dans la grande majorité des cas, ces crimes relèvent de la compétence des cantons. Or l’Office fédéral de la police (Fedpol) apporte également régulièrement son aide aux polices cantonales. Raison pour laquelle le CDF a décidé d’auditer l’efficacité de la lutte contre la cybercriminalité chez Fedpol, selon donc le rapport publié de la part du Contrôle Fédéral des Finances.
En épluchant le rapport rendu public mercredi, le «TagesAnzeiger» s’est aperçu d’une irrégularité remontant à 2018. Le CDF a en effet constaté un arrêt durant neuf mois des enquêtes sous couverture de la Fedpol contre les cyberpédophiles. Durant ce laps de temps, les pédophiles ont donc pu télécharger des photos et vidéos interdites en toute impunité.
Contactée par le journal alémanique, Cathy Maret, porte-parole de l’Office fédéral de la police, explique: «Il s’agit ici d’un malentendu regrettable entre la Fedpol et le canton de Schwytz.» Elle rappelle que la Fedpol ne dispose d’aucune base légale pour ses enquêtes sous couverture. C’est la raison pour laquelle la Fedpol a convenu en 2011 d’un arrangement avec le canton de Schwytz pour pouvoir enquêter. Cet arrangement, précise Cathy Maret, est également valable pour les autres cantons.
Or, d’après le rapport du CDF, ce couac n’a rien à voir avec un «malentendu regrettable». La Fedpol aurait en effet indiqué que l’omission de 2018 est due à un changement de cadre. Peu importe l’explication, l’affaire est de taille. Car avant et après 2018, les enquêtes de la Fedpol ont permis de démasquer une vingtaine de cyberpédophiles par an. En 2018, un seul cas a été mis au jour.