Les autorités suisses utilisent aussi un logiciel espion israélien pour résoudre certaines enquêtes, selon une information récente publié par la RTS ainsi que dans le 19.30. Mais elles ne précisent pas s’il s’agit du logiciel Pegasus qui a défrayé la chronique.
Le logiciel espion israélien Pegasus aurait permis à certains Etats d’espionner des centaines de personnalités de divers milieux .Il est utilisé par de nombreux pays, et peut-être aussi en Suisse.
Pour des raisons de protection des tactiques d’enquête, et selon les modalités contractuelles, nous ne donnons aucun détail sur la technologie utilisée”, a cependant indiqué la police fédérale dans sa réponse à la RTS.
Pour Nicolas Mayencourt, expert en cybersécurité actif dans plusieurs pays à travers le monde, le fait que la Suisse utilise elle aussi un logiciel israélien n’est pas un hasard. “Israël est le leader global dans ce marché. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des alternatives mais ça reste quand même qu’Israël est le leader mondial”, a-t-il rappelé dans le 19h30.
Une utilisation ciblée en Suisse
Les recherches menées par la RTS révèlent que la justice suisse a fait appel à ce logiciel de manière ciblée. Il a ainsi été utilisé dans 12 cas en 2019 et dans 13 affaires en 2020, selon les chiffres du Département fédéral de justice et police (DFJP).
Cette mesure est activée généralement en dernier recours et reste réservée aux affaires criminelles graves. Le Ministère public vaudois l’a utilisé par exemple en 2019 pour une affaire de traite d’êtres humains et une affaire de drogue.
Ces données sont cependant incomplètes, puisque le logiciel est aussi à disposition du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Mais ce dernier ne communique aucune information sur son utilisation.
Craintes pour la souveraineté de la Suisse
Pour le conseiller national Carlo Sommaruga, le fait que la Suisse utilise un logiciel espion israélien n’est pas sans risques: “L’utilisation de cet instrument pourrait laisser aussi une porte dérobée, qui fait que la puissance tierce, dans ce cas Israël, bénéficie des informations collectées à l’insu du Service de renseignement de la Confédération et là il s’agit de contrôler cet aspect-là”, a souligné le socialiste dans le 19h30.
Le politicien genevois s’était déjà inquiété des risques du logiciel Pegasus dans une interpellation déposée en 2019. Il compte désormais demander au Conseil fédéral d’élaborer un logiciel propre à la Suisse en mains publiques ou alors de contribuer à la création d’un logiciel européen.
Des Etats auraient abusé du logiciel Pegasus
Le logiciel Pegasus, développé par la société israélienne NSO, est au cœur d’un vaste scandale de cyber-espionnage révélé le mois dernier par un consortium de médias internationaux.
Certains Etats auraient abusé impunément du logiciel pour mettre sous surveillance des centaines de journalistes, de personnalités politiques, d’avocats ou de militants des droits de l’homme.
Les téléphones du président français Emmanuel Macron et de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe auraient ainsi été visés en 2019.
Ces logiciels espions permettent d’intercepter des communications cryptées comme un simple message WhatsApp ou un appel en ligne, à condition d’infecter le téléphone de la cible (soit en se postant à proximité, soit en envoyant un faux lien).